C'est une bonne situation ça, reconditionneur ?

Homyos reconditionne des logements en réalisant des travaux et Ithaque réalise les audits initiaux du parcours de rénovation énergétique. Gaël Bassaglia, Cofondateur Homyos et Camélia, ingénieure thermicienne chez Ithaque, racontent leur quotidien et de leur vision à travers une interview croisée. 

On dit que les cordonniers sont les plus mal chaussés, est ce que votre logement est performant énergétiquement ? 

GB : Mmm, oui on peut dire ça. Maison des années 2000 en bloc béton sur terre-plein avec juste ce qu'il faut d'isolation pour être classée en C. La petite particularité, c'est le chauffage par plancher rayonnant électrique. C'est toujours mieux qu'un grille-pain, mais on l'utilise avec précaution.

CM : Ahah c'est pas le cas pour moi, je vis dans une maison assez récente, bien isolée qui date également des années 2000. Pour le chauffage on est sur des panneaux rayonnants rarement utilisés.

Quel est le plus beau projet sur lequel vous avez travaillé ? 

GB : Nous accompagnons depuis 1 an l'Association Lazare dans la performance énergétique de leurs logements. Cette association est propriétaire de grosses maisons et y propose des colocations solidaires entre des sans-abris et des jeunes actifs. On se retrouve dans leurs valeurs. Concrètement, on reconditionne les maisons d'accueil pour que leurs factures d'énergie soient les plus faibles possibles. Ithaque a d'ailleurs réalisé deux audits sur notre demande, c'est un projet commun !

CM : Un mini château à Courbevoie, une maison de 1850 avec plusieurs problématiques de structure, d'humidité. Les propriétaires souhaitaient faire des travaux, isoler la toiture, reprendre l'isolation des murs qui a été effectuée en polystyrène. 

Votre pire souvenir de chantier ?

GB : C'est un chantier de chauffage situé au nord de Metz. Nous avons réalisé la visite technique et proposé une chaudière à granulés pour remplacer la chaudière au fioul en place. Jusque là, rien de compliqué. Le jour du démarrage du chantier, on s'est rendu compte que le client avait démonté, entre-temps, son conduit de fumée pour agrandir sa cuisine au-dessus de la chaufferie. Les clients s'étaient mis en danger d'intoxication très élevé car la fumée ne s'évacuait plus et nous n'avions plus de conduit pour installer la nouvelle chaudière. Le tout en plein hiver. Après avoir consulté nos experts en fumisterie, on a pu remonter un conduit à un autre endroit, déplacer la chaufferie et remettre une installation fonctionnelle et sécurisée. Quelques sueurs froides mais un chantier qui se termine bien ! 

CM : Alors c'était une maison dans le Nord qui était inhabitée depuis un moment, j'étais seule lors de la visite, la maison était sur 4 étages. Il y avait des trous sur les planchers, des toiles d'araignées partout. C'était un petit peu glauque et très oppressant.

Si vous pouviez rénover n'importe quel bâtiment historique dans le monde, lequel choisiriez-vous et pourquoi ?

GB : Les Pyramides sont dans l'actualité, elles avaient la 5G mais on doit pouvoir améliorer leur efficacité énergétique. Et puis chez Homyos, on est fan de Mission Cléopâtre, citer quelques répliques fait partie du processus de recrutement. 

CM : Le château de Versailles, pour pouvoir découvrir tous ses secrets et ça doit être bien complexe à rénover donc ultra challengeant de trouver des solutions en préservant l'architecture.

Quelle est la musique ou la chanson qui vous motive le plus lorsque vous travaillez sur des projets de rénovation énergétique ?

GB : Sur chantier, on ne choisit pas vraiment la musique, c'est le poste de radio (un peu cabossé) qui choisit ! Généralement on est branché sur NRJ ou Skyrock selon ce qu'on peut capter. Et en tournée de VT, ce sont des podcasts (Thinkerview, jeu des 1000€, etc.) qui rythment les journées ou radio VT => l'appel aux collègues qui sont aussi sur la route.

CM : J'écoute une playlist avec les musiques Disney jouées au piano pendant la rédaction des rapports. Ça permet de rester concentrée. Quand je suis en route pour les visites, j’écoute surtout du rap.

Comment imaginez-vous l'avenir de la rénovation énergétique ? Y a-t-il des innovations technologiques ou des tendances émergentes qui vous enthousiasment particulièrement ?

GB : On a un besoin d'aller vers plus de sobriété dans le bâtiment. Par exemple, la laine de verre a un bilan carbone important qui impacte celui des travaux de rénovation. Un des enjeux réside également dans le défi technique autour des solutions low-tech et low-carbon cohérentes dans la rénovation. Ce défi est d'autant plus important sur les projets de restauration des bâtiments anciens, pour lesquels un savoir-faire humain et technique est nécessaire, souvent adapté localement selon la technique de construction (mur en pisé, etc.). Et également aujourd'hui on traite beaucoup les problématiques d'isolation pour le froid mais à l'avenir on devra traiter l'isolation contre la chaleur.

CM : Hmmm, j'espère qu'on arrivera à supprimer toutes les passoires en se concentrant sur les logements sociaux. Les innovations technologiques ne sont pas forcément enthousiasmantes. Se tourner vers des solutions ancestrales et adaptées au bâti est plus pertinent que les solutions qui émergent actuellement.

Dis moi que tu bosses dans la réno sans me dire que tu bosses dans la réno. 

CM : Dès que je visite des appartement à acheter, je demande directement si de l’isolation est existante et si des travaux sont prévus dans la copropriété.

GB : Je ne peux plus m'empêcher de remarquer les conduits de fumées pas aux normes, c'est devenu un réflexe, même en weekend ou en vacances. Et bien sûr, je visite les chaufferies de tous mes amis.